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On ne peut pas être bon partout

Eva Joly est à la magistrature ce qu’Edwy Plenel est au journalisme : un modèle. L’une fit trembler une bonne partie du monde politico-financier à travers ses enquêtes dans l’affaire Elf . L’autre a été la bête noire de l’Elysée sous la période Mitterrand : Affaire Mazarine, les écoutes de l’ancien président. Rien ne lui a échappé. Alors que pouvait-on attendre de cette interview entre deux personnages qui mènent le même combat : celui de la démocratie.

Dés le début, Edwy Plenel le reconnait. Il n’est pas journaliste politique et n’excelle en rien dans la matière. Il tient donc à faire de ce débat « un dialogue entre deux citoyens, deux défenseurs ardus de la démocratie ». Eva Joly doit s’en réjouir. Pour une fois ce n’est pas sur les nombreuses divisions des écologistes qu’elle devra s’expliquer, ou bien encore sur les zones de flou du programme d’Europe Ecologie. Non. C’est bien de démocratie qu’il s’agira et dans ce domaine la candidate à l’élection présidentielle ne peut que séduire.

Passées les présentations, Edwy Plenel s’indigne longuement des dérives de notre démocratie. « Comment peut- on accepter que M. Claude Guéant emploie ses hommes des renseignements généraux à espionner les journalistes ? … Et les dettes contractées par le gouvernement, vous a-t-on expliqué d’où elles proviennent réellement ? Non. La démocratie ne peut se réduire à mettre un bulletin de vote tous les cinq ans ». C’est du pain béni pour Eva Joly : l’occasion rêvée de nous vendre sa « république exemplaire ». Interrogée sur la démocratie qu’elle souhaite mettre en place, la candidate cite plusieurs fois l’exemple des pays nordiques. Plus particulièrement la Norvège dont elle est originaire et ses lois de transparence totale de la vie politique. « En Norvège, le courrier des hommes politiques est disponible sous 48 heures si les journalistes veulent le consulter ». Et l’ancienne magistrate s’empresse d’ajouter que « le cumul des mandats est un mal Français ». Edwy Plenel semble réjouit et l’interview politique a perdu, littéralement, sa définition. Il ne s’agit plus que d’une conversation entre deux protagonistes convaincus l’un par l’autre. Concernant ses propositions sur la liberté de la presse, Eva Joly va même jusqu’à dire qu’elles doivent être similaires a celles d’Edwy Plenel. Pourtant certaines d’entre elles sont floues. Sur la nomination du président de France Télévisions par Nicolas Sarkozy, la candidate trouve comme beaucoup, la chose inadmissible. Mais à six mois des élections, elle est incapable de proposer un modèle alternatif. Bien entendu le système de nomination par le CSA ne lui convient pas non plus. C’est sur ces réponses vagues que l’on attendait le journaliste. Mais ne vous inquiétez pas M. Plenel, vous excellez bien assez dans l’investigation pour que l’on vous en veuille…

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